Bibliothèque Khawam

La bibliothèque Roger Khawam est composée de plus deux mille ouvrages, recueils, séries, annales, publications, fascicules et livrets.

Elle s’est constituée depuis le tout début du XXeme siècle jusqu’aux années 2000.

Préface de Pascal Vernus

Docteur d’État et directeur d’études en linguistique égyptienne et en philologie à l’École pratique des hautes études

La bibliothèque Roger Khawam comble d’abord les aspirations de tous les passionnés d’égyptologie.

Y figurent, bien sûr, les indispensables – entre autres, le Wörterbuch, les Pyramidentexte de K. Sethe et les Coffin Texts de A. de Buck, les grammaires, les revues majeures, de très nombreux livres d’art et catalogues des musées d’Europe et des États-Unis, les publications archéologiques anglaises et allemandes, et, surtout, toutes les séries de l’Institut Français d’Archéologie Orientale et toutes celles du Service des Antiquités de l’Égypte – entre autres l’indispensable Catalogue Général du Musée du Caire. A ce catalogue fait référence inéluctablement toute recherche tant les collections publiées là réunissent une bonne partie des objets et monuments sur lesquels se construit le savoir moderne. Plus encore, voici les pierres angulaires des relevés in situ : les Notices descriptives et les Monuments de l’Égypte et de la Nubie, legs prestigieux de Champollion à la discipline que son génie avait fondée, et le monumental Denkmäler aus Ägypten und Äthiopien de Richard Lepsius, témoignage majestueux et rigoureux du travail à la prussienne; par-delà l’égyptologie, il fait date dans l’épistémologie des sciences d’érudition.

Ces ouvrages sont désormais des rarissime pièces de musée, tout en conservant leur intérêt scientifique. Je n’ai parlé jusqu’alors que de l’Égypte pharaonique. Mais c’est toute l’histoire de ce grand pays qu’illustre la bibliothèque Khawam. En effet, l’Égypte gréco-romaine et l’Égypte copte sont aussi représentées par nombre de titres.

Quant à l’Égypte islamique, quelle richesse ! La faune, la flore, l’artisanat, la religion, la littérature, les voyageurs et bien sûr l’histoire jusqu’à l’époque moderne sont concernés. On ose à peine mettre en exergue quelques ouvrages car tous méritent mention. J’aimerais citer pourtant les travaux de Creswell sur les mosquées du Caire. J’aimerais citer aussi les Récentes explorations dans le désert Libyque d’Almasy. Livre précurseur. Carnon seulement l’épopée d’Almasy a suscité un film, Le patient anglais, mais encore elle a révélé l’importance, jusqu’alors insoupçonnée, du désert occidental, une ci-devant savane herbeuse où s’est forgée en partie la civilisation pharaonique. Ainsi fut ouverte une nouvelle avenue où s’engouffrent les plus récentes recherches avec la mise en évidence d’un axe de l’Oasis de Dakhla au Gebel Ouweinat, et peut être plus loin encore.

Avec l’évocation de ce nouvel horizon scientifique, la boucle est bouclée : la bibliothèque Khawam illustre en quelque sorte deux siècles d’une passion dévorante pour l’Égypte en en faisant valoir autant les primes racines que les plus extrêmes floraisons. Elle concentre le meilleur d’un savoir qui, de nos jours, s’est mondialisé. De Tokyo à Buenos-Aires s’est constitué un public curieux de tout ce qui touche à l’Égypte.
Il trouvera dans la bibliothèque Khawam de quoi rassasier sa curiosité admirative.

Pascal Vernus, Egyptologue

Préface de Jean-Jacques Fiechter

Historien

Roger Khawam, né en 1922, reste un des ultimes témoins d’un monde en voie de disparition. Celui des marchands – antiquaires en art égyptien. Cette profession, où il a succédé à son grand-père, à ses oncles et à son père n’existera bientôt plus. L’évolution des réglementations et des lois en Egypte jointe à celle des mentalités des collectionneurs et des musées a modifié fondamentalement les données du jeu.

Roger Khawam

Roger Khawam étant une exception dans ce commerce des antiquités, où il était le seul dans sa génération à avoir suivi des études sérieuses en égyptologie, auxquelles est venue s’ajouter une pratique acquise sur le terrain pendant plus de 70 ans.

Cette expérience, qu’aucune étude théorique ne peut remplacer, représente un trésor unique de connaissances et de références. Elle lui a permis, à de multiples reprises, de procéder à des recoupements heureux entre des fragments antiques dispersés dans différentes collections du monde entier.

En outre, sa connaissance exceptionnelle des réglementations et des subtilités de leurs applications pratiques sur le terrain, jointe à sa discrétion proverbiale, lui ont permis d’établir des liens de confiance, de respect et même d’amitié avec des égyptologues du monde entier et en particulier avec le Professeur Jean Yoyotte, qui avait été son condisciple durant ses études en France et en Egypte. Le Professeur Yoyotte considérait, à juste titre, que Roger Khawam restait le meilleur et le dernier spécialiste de l’art statuaire pharaonique !

En ce qui me concerne personnellement, dans mes recherches sur les faux et faussaires en Egypte j’ai eu le privilège de bénéficier de son aide précieuse et généreuse pendant près de 20 ans de rencontres et d’échanges.

Je suis heureux de cette occasion de lui témoigner toute mon estime et ma gratitude.

Dr Jean-Jacques Fiechter